Etre éleveur c’est par définition « faire naître » mais derrière ce « faire naître » il y a avant tout un travail. Le premier travail d’un éleveur est un travail de sélection. Des connaissances approfondies de la race qu’il élève et à l’intérieur de cette même race, des lignées qu’il travaille.
Avoir de solides connaissances en comportement canin est essentiel, d’une part pour avoir la bonne lecture des reproducteurs et leur assurer une bonne éducation, et d’autre part pour pouvoir comprendre les chiens et reconnaître les petits tempéraments des chiots et ainsi savoir quel environnement leur conviendra le mieux.
Actualiser ses connaissances est aussi très important, on peut réajuster certaines choses, s’améliorer, et mieux conseiller encore.
L’éleveur s’assurera quand il choisit un accouplement, de la bonne santé des parents, et des ascendants et collatéraux mais il veillera également à marier des chiens de tempéraments stables et toujours dans l’équilibre. (Ex : si un mâle est actif, on lui choisira une femelle calme / si un chien est trop dans l’attachement on lui choisira une femelle plutôt indépendante)
De la sélection des parents va découler une partie des tempéraments des petits. Oui une partie car la génétique n’est pas une science exacte, certains petits tiendront plus de « maman », d’autre de « papa » et d’autres seront un mélange des deux pas forcément dans des proportions égales. Une partie aussi car, même s’il y a l’innée, l’acquis est là aussi.
Le travail de sélection, l’éleveur devra aussi l’effectuer avec l’humain, en choisissant les familles adéquates pour ses bébés, et en conseillant sur le choix du chiot par rapport au rythme de vie des futurs propriétaires, de leur attente, de leur tempérament, de la composition de leur famille, humaine, à poil, à sabot ou à plume (liste non exhaustive), de leur environnement etc…
Une fois le RDV amoureux effectué et s’il y a gestation, les bébés naîtront env. 62 jours plus tard.
Le comportement de la maman pendant la deuxième moitié de gestation peut changer. Il faut qu’elle se sente en sécurité, et les éleveurs seront attentif à toute forme de manifestations de stress. Car comme chez l’humain, le stress d’une maman est communiqué aux petits (pendant la gestation et bien sur après la naissance également)
La naissance et les premiers jours de vie
Le petit nid douillet de la maman a été préparé une dizaine de jours avant, afin qu’elle s’approprie cet espace et s’y sente à l’aise et bien.
L’ideal est de recréer un espace confiné à l’abri des regards des autres. La maman en a besoin, la mise bas et les premiers jours de vie des bébés sont des choses intimes que les mamans ne partagent en général qu’avec leur éleveur, car elles sont en totale confiance. On installe une lampe chauffante pour garder une bonne température dans « le nid » celle-ci doit être placée correctement pour assurer une bonne chaleur puisque la survie des bébés en dépend, en dessous d’une certaine température les chiots se refroidissent et ils ne peuvent plus digérer. Ils ne régulent pas encore leur température. S’il fait trop chaud, il y a un fort risque de déshydratation et les chiots s’écartent les uns des autres, les privant de ce contact essentiel avec leur maman et les autres.
Les bébés naissent sourds et aveugles. Ils se déplacent très lentement en rampant. C’est leur odorat qui leur permet de retrouver leur maman et surtout la mamelle.
L’attachement et le suivi commencent déjà là !
Les mamans ne quittent que rarement les bébés pendant les premiers jours de vie. Seulement pour faire leur besoin, on place alors l’eau et la nourriture à volonté à côté d’elles, leur proposant même quand les tétées durent longtemps, pour ne pas qu’elles aient à se déplacer.
Une mise bas peut durer plus de 12h, c’est une épreuve physique importante.
On pourra aider si la maman manque de lait ou en cas de grosse portée ou césarienne en biberonnant.
Les chiots se regroupent toujours pour dormir. Ils cherchent le contact et dorment « en tas »
Au bout de quelques jours, les chiots, encore aveugles et sourd, sont capables de sentir notre présence. Oui toujours l’odorat, et ils nous « cherchent » dans la caisse de mise bas. Ils nous connaissent puisque tous les jours, on manipule et on pèse chaque bébé pour être sûr de ne pas passer à côté d’un éventuel problème.
La maman allaite ses bébés et les stimule pour les besoins en les léchant (parties génitales), ainsi le chiot peut uriner et déféquer. Pour ça elle les placera d’un geste du museau sur le dos pour avoir accès. Là encore on est dans la mise en place précoce d’un fort signal d’apaisement
De 15 jours à 4 semaines
En deux semaines, des évolutions extraordinaires qui vont commencer par la vue, les paupières se décollent entre 12 et 14 jours mais à ce stade ils ne voient que les ombres / formes qui se déplacent. Bien sûr, ces formes c’est « maman » et ils suivent donc ce mouvement. Oui le suivi naturel arrive à grand pas.
Quelques jours plus tard, c’est l’ouïe qui arrive même s’ils étaient capables de capter des vibrations émises par leur maman, maintenant ils entendent
Ils ont maintenant aussi conscience qu’ils ne sont pas seul et à partir de 3 semaines on peut observer les premières interactions, qui se limitent à essayer de téter « l’autre », attraper la queue du frère ou de la sœur, s’observer.
Après 3 semaines, commencent la diversification alimentaire et ça tombe bien car c’est le moment ou les petites dents ont percé la gencive, les tétées deviennent douloureuses pour la maman et elle l’exprime. Elle va peu à peu restreindre le nombre de tétée en interdisant l’accès aux mamelles et en réprimandant les petits audacieux téméraires.
La réprimande ? Non la maman n’attrape pas le chiot par la peau du cou en secouant. Jamais. Ce comportement n’existe pas ! (Chez les sujets sains d’esprit) - Bien sûr l’humain ne devra jamais, avoir ce genre d’action.
La maman attrape délicatement le museau et/ou la tête du chiot pour stopper l’action. Si ça ne suffit pas, elle serrera un peu ce qui suffit à faire renoncer.
La capacité à renoncer et la frustration sont en cours d’acquisition
La maman accordera quelques tétées, dans leur joie de pouvoir encore boire un peu de lait aux mamelles, certains chiots iront « un peu trop fort », la maman corrigera de la même façon. Ici elle travaille sur le contrôle de la mâchoire. Ce dont l’humain aura aussi besoin dans les phases de mordillement du chiot.
A partir de 15 jours, les déplacements sont plus assurés, les mécanismes de la marche commencent à être acquis, les petits popotins se lèvent pour déféquer.
A partir de 3 semaines, le chiot s’écarte de son « nid » pour faire ses besoins. Il est donc propre (au sens canin du terme = je ne fais pas là ou je dors et là ou je mange)
La distance s’agrandira au fil des semaines.
La maman prend de plus en plus de « temps de pause » en laissant les bébés lors des siestes et surtout s’endormir seuls, sans elle. C’est le début de l’apprentissage de la solitude (qui n’en est pas encore une vraie puisqu’ils vivent en fratrie)
L’éleveur donnera (bouillie puis croquettes) en quantité suffisante pour qu’il en reste toujours (ainsi il n’y aura pas d’enjeu pour la nourriture) Aussi il faudra avoir des gamelles « nourrisseur » pour que les petits puissent manger tous ensemble et garder cet esprit de contact pendant les rations (qu’ils ont eu pendant les tétées)
De 4 à 9 semaines
Le langage canin se met en place, les interactions sont de plus en plus nombreuses. Et la maman commence à éduquer sérieusement. Comme chez l’humain, toutes les mères n’accordent pas la même importance à tout. Certaines sont en constante gestion (couchent les petits pour leur sieste, assurent un périmètre de sécurité que les petits ne doivent pas franchir etc…)
D’autres sont plus permissives. Tout dépendra de ce qui est important pour elles.
L’idéal donc est d’avoir des « tatas « ainsi les chiots auront le bénéfice de connaitre plusieurs comportements canins et d’être éduqués sur différents points. Ils auront aussi une meilleure adaptation aux congénères par la suite.
Il est primordial de ne jamais laisser les chiots seuls, et qu’ils aient toujours un référent canin bien codé et serein . Les chiots agissant par imitation .
Dans cette période , tout est important, le chiot va apprendre à vivre en communauté canine mais il devra aussi s’adapter au monde des humains .
L’apprentissage de la frustration est une étape importante. La maman va prendre quelque chose de très intéressant en gueule, va se coucher à proximité des bébés et leur interdira d’y toucher . Parfois un simple regard fixe suffit , par ce regard elle dit « non » , les petits intrépides iront tout de même voir cet objet si intéressant , la maman déploiera alors ses codes canins , crescendo , d’abord en montrant les dents, puis elle accompagnera de grognements, puis elle attrapera le museau ou la tête du petit impertinent et en dernier lieu elle pourra pincer . Dans une juste mesure tout de même. En observant , on constate que la maman laissera l’accès à l’objet quand le chiot aura renoncé.
Quand une maman réprimande, elle lâchera la pression de sa mâchoire, quand le chiot « couine » ce qui est un formidable apprentissage pour le chiot. Par imitation de ce comportement, quand les chiots seront en plein jeu de bagarre , si un attrape trop fort et que l’autre « couine » , le premier devra lâcher . S’il ne lâche pas, la maman interviendra pour le réprimander et/ou séparer les deux chiots. Les chiots apprennent donc à contrôler leur mâchoire et la pression , et bien sur à gérer leur excitation.
Les mamans (et les tatas) corrigent toujours l’excitation.
C’est donc à nous, humains, de continuer ce formidable travail d’éducation en ne gâchant pas le travail de la maman . On ne proposera donc pas de jouets « pouics » puisqu’ils favorisent le mordillement et apprennent à « ne pas lâcher » si ça pouic. Ce type de jouets est en parfaite contradiction avec ce que la maman apprends à ces bébés. Il pourra en découler des mordillements forts sur les congénères et/ou l’humain, une excitation montante difficile à canaliser par la suite et un plaisir à faire « couiner » (enfant, NAC, chiens , etc…) et donc d’entrainer des blessures
Les chiots (et les chiens adultes) ont néanmoins des besoins de mordiller (=besoins masticatoires). On propose donc très tôt dans le parc à chiot des jouets en cordes, toutes simples que les petits pourront mordiller sans danger pour eux . Le fait que les cordes soient dures favorise aussi les autos contrôles puisque s’ils mordillent trop fort, ce ne sera pas agréable.
On peut observer que certaines mamans sont très fines en éducation quand elles corrigent. Un chiot qui s’éloigne, la maman rappelle, le chiot ne revient pas ou mets du temps à revenir, à son retour la maman attrapera ses pattes jusqu’à son retour près des autres et elle l’invitera à rester en place en mettant un peu de pression avec son regard et sa posture, l’empêchant de bouger s’il le faut. Alors que pour le mordillement, elles attraperont le museau ou la tête entière.
Le chiot apprend aussi les signes de politesse. On ne se dirige pas droit sur un chien, c’est une impolitesse voire une agression. Le chiot arrive en courbe vers un adulte, il lèche les babines de la maman ou des tatas présentes en guise de politesse. Si l’adulte réprimande, le chiot présentera alors ses parties génitales en signe pacifique. On ne parlera pas de soumission, car dans d’autres situations dans lesquelles un chien (bien dans ses pattes) tente de détendre un autre chien stressé (voir agressif), il peut adopter cette posture pour lui dire « hey ho tout va bien, zen ».
Ceci est vraiment un signal d’apaisement :
Ceci n’est pas un dominant qui soumet un chien. C’est mâle adulte bien codé qui signifie à un autre mâle de 8 mois qui est excité que son comportement n’est pas le bon :
Le jeune mâle était très excité et dans ses hormones. Il a entendu ce que le mâle adulte lui disait. Il n’y a pas de conflit. Le plus jeune a adopté un fort signal d’apaisement et s’est calmé. Ces deux mâles ont cohabité sans problèmes
C’est aussi dans cette période que les patrons moteurs de la prédation se mettent en route.
Tout d’abord, le chien est un prédateur. Il est donc génétiquement et morphologiquement programmé pour se « déclencher » au mouvement. C’est ce qu’on appelle le réflexe de poursuite. Pourquoi ? pour pouvoir être performant et attraper sa proie. (Et donc se nourrir)
Le chien a une bien plus mauvaise vision que l’humain mais l’information lui parvient plus rapidement et il capte donc plus vite les mouvements.
On va donc chercher à éviter de développer ou sur développer ce type de comportement inné, en ne proposant pas de jeu qui « active » ce comportement, comme les jeux de lancers.
Ex de conséquences des jeux de lancers.
Elles peuvent être physiques : Le chien n’étant pas, à l’origine, programmé pour avoir des actions de chasse répétitives -comme on peut lancer 20 fois le bâton- les premières conséquences seront des problèmes articulaires (apparitions d’arthrose précoce, aggravation de la dysplasie coude/hanche etc..), des blessures (entorses, subluxations, rupture des ligaments croisés etc..) et des problèmes cardiaques.
Et Psychologiques : Le chien peut très vite tomber dans l’addiction. Vous les reconnaissez : ce sont les chiens qui sont en perpétuelles demandes de lancer de jouets et qui finissent par marcher à reculons devant leur humain en balade, dans l’espoir et l’attente d’un lancer, au lieu de profiter de leur balade comme un chien normal devrait le faire. Ils sont alors « toqués » du jeu.
Mais aussi comportementales :
- de la protection de ressource : ce qui amène à des conflits envers les congénères voir avec les humains (le chien protège sa balle, cela crée un enjeu)
- de la destruction, le chien frustré ou qui ne sait plus gérer cette excitation ou cette addiction (donc en état de manque) peut alors détruire (canapé, murs, chaise, dans la voiture etc.)
- de l’excitation qui va amener ses propriétaires à être agacés et à ne plus pouvoir gérer les sorties
- de l’excitation, que les copains congénères chercheront à calmer et qui peut amener de gros conflits /bagarres/ agressivité
- de l’agressivité redirigée en cas de frustration (chiens qui attrapent les mains, qui sautent et pincent etc.)
Le monde des Humains
La plupart des bébés partiront dans des familles. Il pourra s’y trouver un chien ou deux ou aucun.
Il est donc important de respecter un départ après les 9 semaines du chiot, pour que celui-ci ait acquis tous les codes canins nécessaires avant. Il y a des chiots plus précoces, d’autres plus tardifs, l’éleveur doit connaitre ses bébés et reconnaître si un chiot a besoin de rester plus longtemps.
La loi autorise « la vente de chiot à partir de 8 semaines ». C’est à mon sens trop tôt, surtout pour certains chiots et surtout si dans sa future famille, aucun chien bien dans ses pattes n’est là pour être le référent.
On est souvent confrontés à des familles qui veulent le « bébé » le plus tôt possible mais la petite semaine de plus à l’élevage est un énorme gain pour la vie future du chiot et évitera sans doute bien des problèmes à sa future famille. Adoptants, soyez patients ! l’éleveur, la maman et les tatas travaillent pour vous.
De 4 à 9 semaines, l’éleveur aura la responsabilité de préparer les bébés à leur vie future.
Non l’élevage ne se limite pas à avoir une portée dans un parc et d’aller seulement les nourrir et leur faire des câlins.
Les chiots devront être familiarisés avec leur futur environnement.
Les bruits normaux d’une maison (aspirateur, télé, etc…)
Les bruits normaux d’un extérieur /jardin (oiseaux, tondeuse, voiture qui entre, etc…)
La nuit …. Elle ne doit pas être source d’inquiétude
Les sorties
Certains vétérinaires préconisent de ne pas sortir les chiots avant leur deuxième rappel de vaccin. C’est une hérésie et une perte de temps incommensurable en éducation / socialisation /familiarisation.
De toute façon, un bon élevage n’attend pas les vaccins à 8 semaines pour sortir les bébés donc vous pourrez sortir votre chiot puisque les « risques « ont déjà été pris par l’éleveur
A partir de 6 semaines / 7 semaines (selon le développement physique et mentale de la portée et de chaque chiot de la portée), l’éleveur devra sortir les bébés.
Pour ça, il faudra prendre la voiture mais avant de prendre la voiture il faudra faire connaissance avec la caisse de transport. Idéalement quelques jours auparavant elle sera placée ouverte à proximité des chiots. On pourra y mettre un dodo dedans pour le confort, une corde ou quelques friandises pour attiser la curiosité. Bien sûr on ne force pas le chiot à aller dedans et on ne l’enferme pas ! Ce que vous, adoptants ne devrez pas faire non plus ! Ce serait une perte de confiance totale en vous et un rejet absolu de la caisse de transport pour des mois, ou des années ou toujours selon la sensibilité du chiot.
Une fois la connaissance faite avec la caisse on peut la fermer quelques secondes de temps en temps.
Cette étape passée, on peut la mettre dans la voiture et commencer par un trajet très court. Plusieurs chiots dans la caisse et maman avec eux dans la voiture. La maman sera calme et les chiots agiront par imitation.
Au fil des jours /semaines, les trajets seront de plus en plus longs.
L’erreur souvent commise en élevage c’est de ne pas habituer au transport et d’emmener les chiots chez le vétérinaire. Donc 1er stress, la voiture, 2ème stress la cage et 3ème stress le vétérinaire (manipulation, vaccins, puce etc…) et c’est une catastrophe pour la suite.
En sortie on emmènera 2/3 chiots et un adulte référent. On commencera par des environnements calmes. On ne va pas mettre les chiots tous droits sortis de leur cocon de l’élevage directement sur un marché où 90% des humains grands et petits viendront les tripoter. (D’ailleurs, il faut savoir dire non) et où les bruits risquent de les effrayer. C’est aussi une erreur souvent commise par les propriétaires, dès l’acquisition du chiot, on le met dans la foule. Ça s’appelle une immersion, le chiot va évidemment être calme car très impressionné voir marqué, et il n’appréciera pas du tout ce moment.
Comme pour un bébé humain, les découvertes doivent se faire par pallier (on ne jette pas un bébé de deux ans dans le grand bain).
Ces premières sorties effectuées, on pourra changer d’environnement et commencer un travail individuel.
Et avant ce travail individuel, il faudra faire connaissance avec le collier et la longe. Et vous vous souvenez du formidable atout du suivi naturel ? Nous y voilà.
Le chiot nous suit naturellement. Il n’a pas besoin d’être attaché. Nous sommes son référent. Néanmoins dans des environnements compliqués (ville ou lieux publics), l’apprentissage de la longe est primordial. Inconcevable que cet apprentissage ne se réalise pas au sein de l’élevage puisque dès son départ les familles lui mettront une longe (pas de laisse SVP).
Le départ étant déjà une épreuve pour le chiot puisqu’il quitte tout son monde, nous n’allons pas lui compliquer encore cette étape.
On invite le chiot à nous suivre, il est attaché avec une longe fine et légère puisqu’il est tout petit et qu’un gros mousqueton serait trop lourd pour son tout petit cou.
On ne met AUCUNE tension. S’il y a tension, il y aura résistance et opposition du chiot. Normal on veut le contraindre, ça lui fait mal, et on sera partie pour des années d’opposition à la longe.
On doit pouvoir lui permettre d’explorer son environnement et on se rappelle que le sens le plus développer du chien est : l’odorat
Donc si veut qu’il puisse explorer et profiter de ce moment et l’imprimer comme un moment positif, on doit lui permettre d’explorer. En observant, reniflant, explorant, le chiot comprends son environnement. On doit lui laisser ce temps.
Le chiot s’assoit quand il réfléchit, on s’adapte au rythme du bébé. Il en a
Besoin
Plus on prendra ce temps, plus le chiot sera à l’aise et bien dans ses pattes.
En parallèle, à l’élevage, on continue les manipulations, on fait connaissance avec la brosse, on fait des découvertes culinaires, l’été, on apprécie les piscines, et on fait plein de bêtises …. Oui vous en aurez aussi. Le chiot découvre avec sa gueule, il ne sait pas quelles sont les règles de votre foyer, il va donc « gouter » « tester » puisque c’est un chiot et que par essence, il est curieux. Et il « nous » goûte aussi… oui, les fameux mordillements (avec leur petite dent toutes neuves piquantes comme des aiguilles), et bien on va se servir de ce que leur maman leur a appris. Un gros AIE aigu, qui ressemble à un couinement suffit en général à le faire stopper. Mais si ce n’est pas le cas, on fait comme maman, on stoppe l’interaction avec lui et on s’en va. Il « nous » perd. Crier et le repousser ne fera qu’augmenter sa volonté et sa détermination à nous mordiller plus encore et plus fort du fait de son excitation.
Le départ de chiot
A ce stade la maman s’est déjà détachée.
L’éleveur vous aura conseillé au mieux le ou les chiots pouvant vous correspondre et vous venez chercher votre bébé, les conseils :
1/ l’éleveur vous remettra un tissu ou un plaid qui aura été au contact de la maman et des bébés. Pourquoi ? Pour faciliter le départ, comme un « doudou », ce plaid aura l’odeur de « son nid » il sera réconfortant pour lui
N’oublions pas. : le jour du départ, le chiot quitte toute sa vie, tout ce qu’il a connu, ses odeurs, ses habitudes, sa maman, ses référents humains, ses frères et sœur avec lesquels il jouait une demi-heure avant.
2/ préférez une arrivée assez tôt chez vous, comme ça il aura toute la journée pour explorer, découvrir avant de s’endormir seul la nuit pour la première fois de sa vie. De ce fait prévoyez de dormir avec lui et surtout quelques jours de congés pour l’habituer à la solitude progressivement. Donnez-lui le choix du lieu où il préfère être pour dormir.
3/ Même si les humains (et surtout les petits humains) sont très excités par l’arrivée d’un chiot, il faut impérativement un environnement calme et serein à l’arrivée du bébé.
4/ laissez lui du temps, il mettra quelques jours à s’adapter, il ne vous connait pas encore, vous ne pouvez pas être tout de suite son référent.
5/ Ne lui changer pas son alimentation de suite
6/ Excusez ses petits oublis dans la maison, il ne sait pas encore vous demander, et n’a une autonomie que de 2/3 heures
7/ Pensez à discuter avec votre éleveur rapidement si vous avez des questions, des doutes ou des difficultés, plus les choses sont prises tôt et plus ce sera facile à rattraper.
8/ Ne pas oublier que vous venez d’accueillir un bébé, il n’est pas « tout prêt » même si l’éleveur a fait un énorme travail, c’est à vous que revient la tâche de l’éduquer. Le mieux étant de faire appel à un éducateur canin (en positif) qui interviendra chez vous ET dans divers environnements et qui s’adaptera aux besoins de votre chiot et de votre famille.
9/ Continuez le travail de l’éleveur en ne proposant pas d’activité qui peuvent exciter (jeu de lancer, jeu de bagarre avec l’humain etc.) - Ce sera une grande aide pour la suite
10/ On ignore les mauvais comportements (ou comportements gênants ou non souhaités) et on félicite les bons comportements
Le sommeil
Un chapitre à part car il est vital. Le chiot dort 95% du temps pendant les premiers 10 jours (il tète, il dort)
Pendant le sommeil, le chiot, se construit, physiquement d’une part, il grandit et grossit mais c’est aussi lors de ce sommeil que les connexions neuronales se développent.
Le chiot dort beaucoup, énormément, il est nécessaire de respecter ce sommeil.
Comme un enfant, le chiot qui est trop stimulé, dérangé et qui dort peu pourra devenir, irritable, excité et super actif.
Certaines mamans, viennent dirent aux humains de ne pas toucher les bébés quand ils dorment. Elles ont raison et on a tout intérêt à les écouter. Les mamans savent ce qui est bon pour leurs bébés et je suis ravie que certaines de mes « mamans » expriment cela envers les humains. Et ravie aussi de les entendre mais aussi de les écouter et de respecter leur éducation
Il faudra vous aussi, chez vous, respecter le sommeil de votre chiot. À 9 semaines le chiot dort encore 80% du temps
Les besoins du chiot
Votre chiot aura besoin de :
- Manger. Il a besoin d’être tranquille pendant ses repas sans être déranger
- Boire : le chiot (chien) doit toujours avoir de l’eau fraiche et propre à disposition
- Sortir : Votre chiot a besoin de sortir. C’est une nécessité ! non pas seulement pour faire ses besoins mais aussi pour découvrir, s’informer sur son environnement, pour se construire.
- Dormir : Vous devrez nécessairement respecter les temps de repos et de sommeil du chiot afin qu’il se sente bien. Un chiot dort beaucoup (env. 60% du temps de 3 à 4 mois). Pour ceci : ne pas le déranger quand il dort, faire en sorte qu’il puisse trouver un endroit isolé et sans agitation afin qu’il puisse trouver un sommeil profond
- Sécurité/confiance : Votre chiot a besoin de sécurité afin de pouvoir se reposer correctement. Cette sécurité, il l’a eue pendant 9 semaines auprès de sa maman et de ses humains. Bien sûr il lui faudra un petit temps d’adaptation pour qu’il vous fasse confiance (c’est relativement très rapide chez le chiot). De ce fait, ne le mettez pas en difficulté et venez-lui en aide si une situation compliquée se présente à lui.
- Amour/communication/statut d’appartenance : Le chiot a besoin de savoir qu’il appartient à un groupe. Ici, votre chiot faisait partie, tout d’abord de sa fratrie, puis du groupe (avec les autres chiens adultes) puis de notre famille (au sens large Humains/chiens). C’est à vous que revient le rôle de lui faire sentir qu’il fait partie maintenant de VOTRE groupe (humains/chiens/chat etc…). Pour ceci, il va vous falloir apprendre à communiquer avec lui. Apprendre à lui faire confiance. Apprendre à le lire. Le chiot a besoin de lien d’attachement, et d’avoir l’attention de ses humains (félicitations/approbations) et des contacts de ses congénères.
- Confiance / relation sans dominance : la dominance n’existe pas. Même au sein d’un groupe de chien, on ne trouve pas de « chef absolu » qui dirige tout. Les chiens interagissent en fonction de ce qui leur semble important et d’un chien à un autre ce ne sera pas la même chose. Vous ne devez JAMAIS entrer dans le modèle d’éducation hiérarchique. Non votre chiot (chien) ne tentera pas de vous dominer ! Votre chiot n’a pas besoin d’un Maitre, il a besoin d’un guide, d’un référent et d’être en confiance.
- Besoin de s’accomplir : Participer/coopérer/avoir le CHOIX : Votre chiot a besoin d’interagir avec son groupe dans une relation épanouissante. De ce fait si vous avez gagné sa confiance, vous aurez un chiot qui cherchera à coopérer avec vous. Mais pour ce, il lui faudra avoir le CHOIX de le faire et donc une liberté de mouvement
Erreurs courantes d’appréciations du comportement canin
- Votre chiot aboie lorsqu’il voit une personne, un congénère ou dans certaines situations.
Non, votre chiot n’a pas un « gros caractère », il n’est pas « méchant », il n’est pas « gardien » et encore moins « dominant » (puisque ça n’existe pas). C’est même tout le contraire. Le chiot est simplement fait à une situation ou quelque chose ou quelqu’un qui est inquiétant(e) pour lui. De ce fait, en aboyant, il espère éloigner cette « chose » qui l’impressionne. Rassurez-le en adoptant un comportement normal, s’il est trop inquiet, et le manifeste beaucoup, prenez un peu de distance et laisser lui le temps d’observer. Bien sûr, ne le grondez pas.
- Vous êtes parti au travail et cette fois votre chiot a fait beaucoup de bêtises. Non votre chiot ne s’est pas vengé de votre absence, il n’a tout simplement pas su gérer certains états émotionnels dus à votre absence, ou un trop plein d’excitation, à un manque de sorties, ou à votre propre humeur du jour etc…. Rien ne sert de le gronder, il serait incapable de savoir que vous le grondez pour des faits qui datent de quelques heures. Il ne comprendrait rien à votre colère ou mécontentement
- Votre chiot ne fait pas pipi en balade et attends d’être rentré à la maison pour faire ses besoins. Il ne cherche pas à vous contrarier et n’a pas la réflexion d’être volontairement malpropre. Un chiot fait ses besoins là où il se sent en sécurité. Certains aiment se cacher, certains ne se sentent pas assez à l’aise en balade pour faire leur besoin. Il y a peut-être un petit manque d’assurance caché quelque part. Ne le grondez pas de faire chez vous mais faite en sorte que ses balades soient sympas et qu’il se sente bien en extérieur, vous pouvez lui dire que c’est bien s’il fait dehors en balade les premières fois
- Votre chiot grogne si vous reprenez sa gamelle. Non il n’est pas dominant ni agressif pour autant. Un chiot a besoin d’être serein quand il mange. Plus vous essaierez de lui reprendre sa gamelle et plus il vous signifiera que ça ne lui plait pas. Quoi de plus normal ? Accepterions-nous que quelqu’un nous reprenne notre assiette alors que nous sommes en train de manger ? Et même parfois plusieurs fois de suite ? Surtout ne pas rentrer dans ce schéma au risque de créer une véritable protection de ressource à la gamelle (et les problèmes qui y seront liés). Attention ceci peut être valable pour les jouets !
- Vous êtes en train de caresser votre chiot et celui-ci saute et vous mordille. Votre chiot n’est pas méchant. Apprenons justement à caresser nos chiens
Comme tout être le chiot/ chien est sensible au toucher.
Certains ne sont pas tactiles et n’aimeront pas être touché/caressé
Certains apprécieront ces moments de douceurs
La caresse shampoing : Vous la connaissez certainement la caresse frictionnant sur le corps, la tête, les flanc etc…
Et bien cette caresse est à bannir :
1/ elle excite les chiens
2/ elle a tendance a engendré des mordillements de mécontentement car le chien dit « non »
3/ elle n’est pas agréable pour votre chiot/chien
La bonne caresse ? la caresse apaisante ! celle qui est douce et non tonique, qui part de l’épaule jusqu’à la cuisse et qui est trèèèèsssss lente.
Les + :
1/ moment apprécié du chien
2/ moment de calme
3/ pas de montée d’excitation
4/ instauration d’une complicité
Où ? En observant bien votre chiot/chien il vous dira où il préfère être caressé
(Souvent sur les flancs, doucement, de l’épaule au bassin, beaucoup de chiens n’aiment pas être caressés sur la tête !) Les bébés aiment particulièrement être caresser sur leur petit bidon
L’éducation d’un chiot prends du temps et demande de la patience et de la cohérence. Les mamans nous donnent de formidables clés pour comprendre et continuer leur travail.
Le respect des besoins du chiot, le respect de leur nature de chien et la confiance que nous tisserons avec lui seront déterminants pour la future relation avec lui.
Si vous êtes en recherche de chiot, n’hésitez pas à prendre du temps pour visiter plusieurs élevages, à rencontrer les éleveurs, et leurs chiens. N’hésitez pas à leur poser beaucoup de questions sur leur méthode de sélections, ce qui les motive pour effectuer tel ou tel mariage, sur leur méthode éducative et les conditions de vie de leurs chiens. (Il faudra aussi vous intéresser aux différents dépistages de santé effectués sur les reproducteurs)
Posez aussi des questions sur leur mode de fonctionnement avec les bébés.
En retour un bon éleveur vous posera aussi des questions, sur votre environnement, le temps que vous aurez à consacrer au chiot, la composition de votre famille etc…
N’hésitez pas à expliquer au mieux vos modes de vie, et ce qui vous pousse à envisager d’accueillir un chiot.
Ne vous arrêtez pas aux seuls critères de race, de couleurs, de disponibilités de chiot, de prix ou de distance d’élevage. Vous allez passer entre 10 et 15 ans avec votre compagnon, le but premier (le vôtre et celui de l’éleveur) est de réunir de chouettes duos famille/chiot qui fonctionnent.
Isabelle Roba, éleveuse de Altdeutsche Schäferhunde - Le clan des A.S
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